Grève dans l'industrie de la chaussure à Fougères en 1906

La majorité des ouvriers dé l'usine s'y opposa. Les. patrons très unis firent savoir qu'ils voulaient être fixés définitivement dès le lendemain à dix heures, et que, si les ouvriers de l'usine B... maintenaient leur opposition, toutes les usines seraient fermées. Les ouvriers de chez B... se réunirent ainsi que le conseil syndical, et il fut décidé qu'on n'accepterait pas les conditions des jaunes. On en avisa le président du syndicat patronal, M. D...
Le lendemain matin, à sept heures, dans le jour embrumé de novembre, les ouvriers purent lire sur toutes les portes des usines la même petite affiche, un avis de fermeture. dans un délai de huit jours, s'ils ne venaient pas à résipiscence. Alors l'honneur parla à tous de la même manière. On ne pensa plus au pain, au froid, à l'hiver, aux enfants, et, de tous les quartiers de la ville, les ouvriers montèrent à la Bourse du Travail où, dans un grand meeting, on décida l'arrêt immédiat du travail, pour protester contre le lock-out généralisé, le chantage et la provocation.
J'ai sous les yeux quelques documents.

 

Voici la dernière lettre adressée par le syndicat :

Monsieur B..., fabricant de chaussures,

Les opérateurs de votre maison, réunis ce matin, me prient de vous faire savoir qu'ils abandonnent le centime demandé pour les grandes claques en hommes ou en femmes : à part cette modification, ils maintiennent le tarif qu'ils vous ont présenté.

Agréez, Monsieur, l'assurance de mes meilleurs sentiments.

Pour la Chambre syndicale des cordonniers.

Le secrétaire adjoint,

Jousse.

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