Les  BRISCARDS

Présent(e)s: Claude Bardin, Roger Batard, Yves Berthelot, Jean-Claude et Colette Fauvet, Jean-Claude Foucault, Jean-André François, Michel Gaucher, Jean-Louis Gourdon, Jean Landrein, Gérard et Thérèse Mérel, Daniel et Marie-Henriette Mergny, Jean Neveu,Pierre Rossi.

Excusé(e)s: Jean-Claude Dardalhon, Bertrand de la Fournière, Yvette Echapppé, Gérard Genais, Bernard Grollier, Alain Lanceau, Anne Lannic, Jeannine Marsollier, Raymond Ollivaud, Henri Sourdin.

Pour la réunion du 23 septembre, au retour des vacances, Yves Berthelot et Raymond Ollivaud nous feront découvrir la Brière. Nous vous adresserons un flash spécial en temps voulu. Pour l’instant notez la date sur vos tablettes!

Section «micro»:
La dernière session planifiée a réunis six participants chez Daniel, pour discuter scanners, graveurs de CD, etc.
C’est normalement tout ce qui est prévu pour cette année, à moins que vous n’exprimiez de nouvelles demandes auprés de Daniel ou Jean-Claude. A ce jour, des souhaits de prise en main/manipulations de Windows 98 sont exprimés. Manifestez-vous.

Calendrier des prochaines réunions et thèmes finalisés à ce jour:
23/09/99
La Brière
21/10/99
non finalisé
18/11/99
Transmission de patrimoine
16/12/99
non finalisé
20/01/2000
Dernière Assemblée Générale du siècle!

Avisses:
Première altération de la chaîne téléphonique 1999:

Bertrand de la Fournière a un relais n°2: Henri Sourdin, au 02 40 47 57 83.

Une documentation assez complète du canal de La Martinière, acquise par notre Association, est disponible auprès de Daniel Mergny, pour consultation par tous.

Thème du jour: Le canal de La Martinière.
Le canal maritime.

Ce programme d'aménagement fut déclaré d'utilité publique en 1879 et exécuté de 1882 à 1892. Les études du Canal furent l'œuvre de l'ingénieur en chef Joly et, mis à part l'approfondissement des écluses décidé en 1889, son travail ne subit pas de modification majeure avant l'achèvement du chantier, si bien que la lecture du devis initial rend compte exactement de ce qui fut effectivement réalisé.
Un ouvrage long de quinze kilomètres.
Le Canal, dit "Canal latéral à la Loire" mesure exactement 15.064 mètres.
Il est établi entre le village de La Martinière (commune du Pellerin) et l'extrémité sud du bras du Carnet (commune de Saint-Viaud) et il est fermé en chacun de ces points par une écluse à sas de 18 mètres d'ouverture libre et de 169 mètres de longueur totale. Les dimensions intérieures du sas sont de 100 mètres par 40 mètres. Elles permettent d'écluser des navires de 123 mètres. Le mouillage normal est de 6 mètres. Il peut atteindre exceptionnellement 7,50 mètres. La largeur du Canal est de 22,50 mètres au plafond (c'est-à-dire à sa base) et de 55 mètres au niveau du plan d'eau.
Deux écluses de grande navigation.
Les écluses sont établies sur des massifs rocheux situés à moins 6 mètres à La Martinière et moins 9 mètres au Carnet. Elles se composent
de deux têtes de 34,50 mètres de longueur munies de portes « d'èbe »1 et de « flot »2 en tôles d'acier.
Le remplissage et la vidange des sas s'effectuent à l'aide d'aqueducs en plein cintre de 2 mètres de longueur et 3 mètres de hauteur. Les machineries sont installées à 150 mètres environ de la tête aval de l'écluse. Elles comprennent deux chaudières et deux groupes de machines indépendants actionnant des pompes qui refoulent l'eau sous un accumulateur. Une canalisation conduit l'eau sous pression aux appareils situés au droit des têtes. Les portes sont manœuvrées au moyen de chaînes s'enroulant sur des tambours actionnés par des moteurs à trois cylindres. Les mêmes moteurs actionnent quatre cabestans de halage. L'ouverture des deux vantaux des portes se fait en 60 secondes et la fermeture en 90 secondes.
Une digue de 5 kilomètres dans le fleuve.
La digue du Migron présente une largeur variable qui ne descend pas en dessous de 54 mètres à la base (120 mètres à l'assise la plus basse). Elle est limitée par des cordons de pierre. Du côté de la Loire, le cordon est arasé à la cote 7,30 mètres et présente une largeur de deux mètres en crête ; les talus sont inclinés à 5/4 ; en arrière se trouve une couche de débris de carrière de 3,50 mètres d'épaisseur puis un massif étanche formé d'argile. Du côté du Canal, le cordon est arasé à la cote 3, 50 mètres. L'intervalle entre ce cordon et le massif étanche est comblé par des remblais vaseux. La longueur exacte de l'ouvrage est de 5.000 mètres.
Machinerie de La Martinière.
Mécanismes de manœuvre de l’écluse.
Cette technique anglaise datant du XIXè siècle et employée en France vers 1860, utilisait de l'eau sous pression à 50 bars pour faire fonctionner les mécanismes de l'écluse. Cette technique fut appliquée dans plusieurs Ports. Les portes de l'écluse de La Martinière ont fonctionné plus de 25 000 fois. Ce système, l'un des rares conservé en France, restera le témoin de la valeur des techniques du XIXè siècle.
Un Canal coûteux et très tôt dépassé.
Un chantier long et difficile.
Adjugés en 1882 à l'entreprise Couvreux et en 1884 à l'entreprise Bord, les travaux furent achevés par l'administration elle-même, en régie. Ils coûtèrent exactement 26.757.571,24 F de l'époque. Mais ils coûtèrent aussi en sueur, en sang et même en vies humaines. C'est que les conditions de travail étaient en ces lieux très éprouvantes. L'absence d'eau potable, la malaria en été, la pluie et la boue en hiver y étaient le lot commun. Les tempêtes en Loire inondèrent par deux fois la totalité des chantiers et y provoquèrent de très importants dégâts. La difficulté des communications retarda continuellement le travail des ingénieurs. Le séjour de plus de mille ouvriers, pendant dix années, dans des villages non préparés à cet afflux de population, posa de très graves problèmes d hygiène et de relation intercommunautaires. Les accidents du travail (parfois mortels), les maladies, les rixes, les grèves, les beuveries, les coups et les injures, furent ici des événements banaux.
Un succès immédiat mais éphémère.

Ouvert à la navigation en 1892 (exactement le 1er septembre), le canal maritime connut immédiatement un succès considérable et mérité. Alors que depuis quinze ans, les bateaux calant plus de trois mètres cinquante ne pouvaient plus remonter à Nantes, voilà que grâce à cet ouvrage, c'était désormais possible que les plus grands navires remontent à Nantes. Hélas à la même époque les progrès de la technique étaient fulgurants. Les chantiers construisaient des navires dont les tirants d'eau atteignaient 5,50 mètres, 6 mètres, 7 mètres ! Tandis que les dragues à vapeur devenaient enfin efficaces.
Dès lors, le Canal était condamné. En 1903, l'approfondissement du chenal naturel de la Loire fut décidé et la cote -10 fut obtenue moins d'une décennie après. En 1911, un premier poste de mécanicien fut supprimé au Carnet. En 1914, après environ 10.000 passages de navires enregistrés à La Martinière entre 1892 et 191l, c’est le Canal dans son ensemble qui fut fermé à la grande navigation.
Le cimetière de bateaux.

Jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, seuls les chalands des riverains et les navires des plaisanciers de passage fréquentèrent l'écluse de La Martinière. A dater des années 20, ils côtoyèrent sur le plan d'eau les pêcheurs à la ligne et les coques désertées des grandes unités promises à la démolition. En juin 1923, 90 navires étaient désarmés dans le Canal. Sur ces 90 navires il faut citer les 47 grands voiliers (trois mats et quatre mats) désarmés sur 7 kilomètres de long de part et d'autre des Champs Neufs. Mais cette triste vocation de "cimetière de bateaux" ne pouvait être éternelle. Et de ce fait dans les années 60, après avoir connu l'occupation allemande et la présence américaine, le Canal reçut une nouvelle destination, au service de ceux-là même qui s'étaient opposés à son creusement... les Agriculteurs.
Les ouvrages d'hydraulique agricole.

Un outil au service de l'agriculture.
Formidable réservoir d'eau douce, le Canal sert depuis les années 1960 à réguler les niveaux d'eau des marais du Pays de Retz et à irriguer le 1/4 de son territoire. Il appartient à l'Union des Marais du Sud Loire et il est une pièce maîtresse du dispositif de gestion des zones humides de la rive gauche du fleuve et de la baie de Bourgneuf.
Un paysage de marais et d'étiers.

Le Canal reçoit sur sa rive gauche, outre le Canal de Buzay (qui forme le prolongement de l'Acheneau, émissaire du lac de Grandlieu), l'étier du Pavillon servant à la fois à l'exondation et à l'irrigation des prés-marais de Buzay, l'étier de Vue qui occupe l'ancien lit de l'Acheneau et enfin l'étier du Migron. Cet ensemble draine environ 8.000 hectares de marais qui, du fait de leur valeur herbagère, sont à cette époque une des principales richesses de la rive sud du fleuve.
Deux barrages écluses.

Le régime de la vallée de l'Acheneau est rendu indépendant de celui du canal maritime au moyen d'un barrage de 5 vannes situé à Buzay, par lequel on écoule dans le Canal les eaux en surabondance de la vallée. Un second barrage de 7 vannes, établi sur le Canal aux Champs Neufs, permet d'évacuer en Loire les eaux provenant de l'Acheneau. A chacun de ces barrages est accolée une écluse de petite navigation.
Un siphon sous le canal.

Pour irriguer les prairies de la rive gauche, une prise d'eau en Loire est établie aux Champs Neufs. Elle est composée d'un siphon passant sous le Canal, prolongé par un canal d'irrigation et de dessèchement reliant les étiers de Vue et du Pavillon. Le siphon est formé de deux aqueducs cylindriques de 3 mètres de diamètre débouchant dans des têtes en maçonnerie où sont placées les vannes de manœuvre. La longueur totale entre les faces externes des têtes est de 90 mètres. Les aqueducs sous les talus sont maçonnés; la partie placée sous le Canal est métallique et coulée dans le béton. Des pompes permettent d'en assurer la vidange en cas de nécessité. Le débit moyen des aqueducs est de 15 m³/seconde. Le canal d'accès au siphon est fermé par une écluse de garde munie de portes de flot. Une passe à civelles y a été incorporée.
Un canal d'irrigation et un écluse triple.

Le Canal d'irrigation fait plus de 3 kilomètres de longueur totale. A sa jonction avec l'étier de Vue se trouve une écluse triple munie de trois paires de portes d'èbe et de flot permettant de diriger les eaux dans l'étier de Vue et dans le Canal des Prés-marais de Buzay, et de rejeter dans le canal maritime le trop plein des eaux intérieures. Ce dispositif est complété par des vannages de prise d'eau et des ponts barrages permettant de faire gonfler les eaux et d'irriguer les prairies hautes.
Un patrimoine exceptionnel...
Près d'un siècle après son creusement, le canal maritime de la Basse Loire abandonné des navires mais devenu un outil privilégié de régulation hydraulique, offre donc au regard du curieux d'histoire comme du simple promeneur, un plan d'eau remarquable et surtout des ouvrages que le temps, s'il les a blessés, n'a malgré tout ni détruits ni jetés bas. Ces lieux appartiennent de droit à l'Union des Marais du Sud Loire. Mais ils sont aussi la propriété morale de tous, du fait qu'ils sont à l'évidence un élément majeur du patrimoine régional. En ce sens, on peut considérer que leur devenir concerne l'ensemble de la population du Pays de Retz et tous ceux qui perpétuent la tradition maritime des ports de l’estuaire, et celle, millénaire, de l'aménagement du bassin de Grandlieu.
... à conserver et mettre en valeur.

Pour cette raison, l'ACCAM (Association Culturelle du Canal Maritime) créée en novembre 1987 à l'initiative de l'Union des Syndicats des Marais du Sud-Loire, a voulu qu'ils soient sauvegardés et mis en valeur. Dans ce but, elle s'est assignée une tâche ambitieuse et de longue haleine, qui s'articule autour des six objectifs suivants :
1. Étudier l'histoire du Canal, de la navigabilité de la Loire, de la batellerie locale et de l'hydrographie du Pays de Retz en interrogeant les archives et en collectant des témoignages oraux, des objets, des photographies, des documents privés, etc.
2. Publier le résultat de ces études sous forme d’articles ponctuels, de livres, de films, de cassettes, etc.
3. Réhabiliter les bâtiments techniques aujourd'hui sans utilité, ainsi que les ouvrages désaffectés et leur desserte, pour les ouvrir à la visite.
4. Créer un musée sur le site, où seront présentés des documents, des dessins, des plans, des maquettes, des clichés, des vidéos, etc. se rapportant au creusement du canal et à son exploration, à l'agriculture des prés-marais et à la gestion de l'eau, enfin à l'écologie particulière de ce milieu.
5. Animer les lieux en y organisant des manifestations à caractère festif, sportif et culturel, à l'attention des populations riveraines d'abord, des touristes ensuite.
6. Proposer pour l'avenir un schéma global d'aménagement touristique et de loisir, autorisant sur le site l'hébergement et la restauration, des activités de détente et de loisir, des activités culturelles, et des activités ludiques et sportives.

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1 Portes d'écluses qui retiennent les eaux dans un bassin, dans un canal au moment du reflux des eaux.
2
Portes d'écluses permettant l'écoulement de l'eau quand le niveau extérieur est plus bas, et qui sont fermées quand ce niveau remonte sous l'effet de la marée.

 

   

 

 
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