En ce beau matin ensoleillé, regroupés sous la houlette d’André CORLAY, notre GO bouillonnant d’idées, cornaqués par Yves-Antoine Caillaud assisté d’une escouade aussi charmante qu’enthousiaste (dans laquelle quelques chanceux reconnaissaient son épouse), nos vaillants Briscards, toujours pleins d’allant, pénétraient dans l’univers magique de l’Orient, charmés par sa mythologie, enchantés par ses couleurs, conquis par les somptueuses broderies et… bluffés par la suprême érudition de nos guides.

L’hôtel de Ville de Saint-Sébastien enchâssait magnifiquement cette exposition. Il nous offrit même une salle pour rappeler quelques éléments combien plus prosaïques, tels que la préparation des prochains rendez-vous ou la perspective du renouvellement du conseil d’administration pour la fin de l’année..

Bien vite, un film nous expose la vie misérable de ces quelques femmes qui ne se résignèrent pas et relevèrent la tête, réunirent leurs forces, si fragiles et si fortes, quand des amis français, atterrés de tant de souffrance, décidèrent avec elles de tenter quelque chose..
C’était en Inde en 1969:
Dans un esprit de partage et d'aide au développement, démarre alors modestement une double action. Elle repose sur la longue amitié de deux couples: Nicole et Henri Durieux consul de France, à Pondichéry - où ils restèrent près de sept ans - et Marie-Rose Carlier et son mari, Louis Fournier, à Paris.

Dans cet immense pays-continent, des jeunes femmes démunies voulaient survivre et demandaient du travail. Elles savaient broder de mère en fille, Nicole Durieux savait dessiner et peindre: elles retrouvent ensemble une vieille technique admirable de broderies par applique, représentant des motifs de l'Inde ancienne. Elles créent ainsi des toiles murales, qui seront diffusées par la suite en France, grâce à son amie Marie-Rose CARLIER, soit 160 modèles de TOILES BRODEES MAIN réalisées par 280 INDIENNES de l'atelier "AU FILS D'INDRA - PONDICHERY".

Au travers de ces œuvres d'art, c'est une véritable transmission de l'INDE d'HIER et d'AUJOURD'HUI, de sa mythologie, de ses traditions, de sa culture et de la vie quotidienne de ce pays.
Pour parvenir à leur créer des emplois, Marie-Rose Carlier et son mari font appel à de nombreux amis. Donner du travail, au tiers monde, semble essentiel mais il convient de respecter les personnes et les cultures.
Les panneaux brodés sont admirables, ils révèlent l' Inde.

Un élan extraordinaire est suscité! L'action était née... Mais il faut la canaliser, réfléchir aux moindres aspects pour atteindre le succès.
Des règles sont établies. Par exemple, pour être acceptées dans l’organisation, les femmes doivent être âgées d’au moins 18 ans, avoir des enfants à charge, savoir broder et être sans ressources, ce qui est malheureusement le plus fréquent..
Les créateurs ont voulu, pour ces femmes, une véritable action de justice : elles sont des travailleuses jouissant de conditions de travail normales et de prestations sociales (congés payés, congés de maladie, caisse d'urgence, crèche, dispensaire, bourses d'études pour les enfants etc.).

On peut imaginer le « privilège » dont elles bénéficient dans leur environnement quotidien, dans un pays où l’eau est précieuse (2 heures le matin et pas plus le soir à Pondichéry), l’électricité peu répandue, les paillotes délabrées, les ressources alimentaires rares et les soins médicaux inexistants, si l’on n’est pas bien né. Pensez donc : disposer d’une crèche pour ses jeunes enfants ! Comment trouver les ressources suffisantes ?

Uniquement par la vente (en France seulement) d’œuvres patiemment exécutées, surmontant problèmes, difficultés, la croissance continua de 1969 à 1975. Les brodeuses passèrent de 30 à 210. Actuellement, encadrement compris, 265 emplois sont assurés.

La suite...

En France, ville après ville, des équipes motivées prennent en charge des expositions de « l'Atelier Au Fils d'Indra ».. En 1973, au départ d'Henri et de Nicole Durieux, l'Atelier se structure.
En Inde: assistante sociale, comptabilité, secrétariat, sont devenus absolument nécessaires : un encadrement très efficace est mis en place sous direction uniquement indienne et bénévole.
En 1982, en France, l'organisation se constitue en association indépendante régie par la loi 1901 et poursuit l'action des fondateurs. Elle emploie, depuis 1989, un seul salarié (ancien dessinateur de l'Atelier de Pondichéry), dont le rôle est, entre autres, de bâtir avec les responsables locaux une équipe dans chaque ville et de faire le lien entre Pondichéry et la France.

Les expositions

Dans chaque ville, selon son importance, 50 à 100 bénévoles ponctuels se réunissent pour prendre en main la réalisation d'une exposition de ces toiles brodées. Ce sont les commandes recueillies lors de ces expositions qui font vivre les 265 familles.
Ces expositions permettent, à travers tous ces nombreux modèles, de faire découvrir aux visiteurs un art ancestral unique et retrouvé, qui vient d'une civilisation très riche. C'est aussi l'occasion de leur parler de Pondichéry, cet ancien comptoir qui fut français jusqu'en 1955. Durant les mois de préparation, les bénévoles se familiarisent à la culture indienne pour la transmettre aux visiteurs.

Les œuvres exposées.
Environ 160 toiles forment la collection, elles sont divisées en plusieurs styles:

• la première partie, consacrée à « l'Inde ancienne », compte des toiles issues de miniatures, de fresques et de poèmes anciens
• la deuxième partie représente « l'Inde d'aujourd'hui» où, à travers l'art naïf, on découvre la vie quotidienne: fêtes, scènes de vie dans des villages, marchés, métiers, etc.
• la troisième partie comprend l'art du « Mithila » (IVème siècle avant J.C.) et l'art des « Kôlams » (dessins que font quotidiennement les femmes sur la rue, devant leur maison)
• la quatrième partie, purement esthétique, représente des oiseaux, des jardins et des fleurs.

Souvenons-nous que ce sont des centaines de milliers de points de broderies qui rassemblent ces milliers de personnages et motifs de coton multicolores, assemblés patiemment et adroitement par des petites mains souvent déformées par la souffrance et la faim.

Le soutien

Les collectivités mettent gracieusement les salles à disposition pour réaliser les expositions. . . Les frais de publicité (tracts et affiches) sont parfois pris en charge par les partenaires, permettant l’envoi du maximum d'argent récolté à l'Atelier de Pondichéry. Nombreux sont les Briscards à ne pouvoir résister à une commande de solidarité, souvent dans l’embarras dans le choix de l’œuvre à retenir tant il s’avère difficile.. Pour les intéressés, l’exposition se renouvellera dans les mois prochains (Loroux-Bottereau et Carquefou sont d’ores et déjà programmées).

Merci à Yves-Antoine Caillaud et André Corlay

REPAS Un repas copieux, d’une saine et familiale cuisine à « l’Oliveraie » de Saint-Sébastien a suivi - quel contraste !- avant que les Briscards ne se retrouvent au Centre de Tri Postal d’Orvault.