L'homme qui veut nous faire parler globish

 

Jean‑Paul Nerrière, 64 ans, ancien dirigeant d'IBM, veut nous faire parler globish pour "global english", un anglais simplifié qu'il a codifié dans un livre. Une façon de renforcer l'hégé­monie anglo‑américaine? Non, rétorque ce Vendéen d'origine, un simple outil pour mieux communiquer dans le monde entier. 

Avec le globish, avez‑vous inventé une nouvelle langue?

Plutôt que "langue" je préfère utiliser le terme "outil". Mon idée a été de codifier quelques règles d'utilisation d'un anglais simplifié: un vocabulaire de 1 500 mots, des phrases très courtes ; des consignes de prononciation, le recours à des périphrases. L'objectif de cet outil : permettre à un Français d'être compris par un Polonais ou par un Argentin.

Donc, chaque fois qu'on fait du tourisme à l'étranger ou des affaires, on parle globish...

Eh oui! Langlais s'est imposé en quelques décennies dans le monde entier. Pour autant, on ne compte que 12% de vrais anglophones sur la planète.  

 

   

 Mais le globish n'est pas une langue stricto sensu, ce n'est qu'un moyen pour favoriser les échanges.

Cet anglais simplifié à l'ex­trême n'appauvrit‑il pas la pensée des gens qui le parlent?

Partiellement, oui. Pour échanger sur des concepts philosophiques ou méta­physiques, il faut recourir aux richesses offertes par une vraie langue. Mais pour réserver une chambre dans un hôtel à l'étranger, acheter des tonnes de papier en Finlande ou vendre des avions de combat à un partenaire coréen, un dialecte simpli­fié suffit largement. En tra­vaillant vingt‑sept ans dans une grande multinationale, j'ai eu le temps de m'en rendre compte. Et les témoi­gnages que j'ai reçus depuis la publication du livre ou sur mon site Internet le confirment.

Pourquoi pas un globish à base de français?

L'idée que le français puisse récupérer un statut de langue universelle est impensable. Donc, le franco‑globish n'a pas d'avenir. En revanche, le français permet d'exprimer les nuances, les concepts pointus, les subtilités. Et là, il y a un créneau à occuper

 

Le Vendéen Jean‑Paul Nerrière prône
 l'apprentissage d'un anglais universel et  simplifié:
 un outil, plus qu'une langue

 
 

comprends mieux l'anglais d'Arafat que celui d'un ingénieur texan.

Prôner le développement de cet "outil ", n'est‑ce pas renforcer encore plus la langue anglaise?

L'anglais est effectivement le vecteur des différentes cultures et civilisations américaine ou anglo‑saxonne.

 

 
Les 88 % autres doivent se débrouiller avec un anglais qui n'a pas grand‑chose à voir avec la langue de Shakespeare ou celle d'Orwell. Je

 

   


Recueilli par Alain Guyot
Ouest-France le 3 novembre 2004

Parlez-vous anglais ou globish? Voici le même texte dans ces 2 "langues".

American version

This little tidbit of literary joy is amiable and a slam dunk to peruse, notwithstanding the fact that it has the overwhelming gall to propose a revamping of our methods of verbal exchange around the world.

Globish version

This book is pleasant and easy to read. Still, it proposes a complete change in the way we communicate around the world.

Cet exemple est extrait du site que Jean-Paul Nerrière consacre au globish : http://jeanpaul.nerriere.free.fr/

         
   

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